REMU-MENINGES #4
Des psychiatres s'inquiètent des pénuries de médicaments psychotropes essentiels pour soigner les malades mentaux © AFP – Matthieu RONDEL
Publié par l’AFP, le mercredi 16 avril 2025 à 11:13
Plusieurs psychiatres s'inquiètent des multiples pénuries de médicaments essentiels et mettent en garde sur un risque “d'abandon des malades mentaux”. Ces problèmes d'approvisionnement s'ajoutent à la crise générale de la psychiatrie française, confrontée à un manque drastique de moyens.
Dans une tribune publiée mardi dans Le Monde, quatre psychiatres expriment leurs inquiétudes face aux multiples pénuries de médicaments essentiels dans leur discipline. Ils mettent en garde sur un risque “d'abandon des malades mentaux”. Ces problèmes d'approvisionnement en psychotropes viennent s'ajouter à la crise générale de la psychiatrie française, confrontée à manque drastique de moyens, écrivent les auteurs de ce texte. Il s'agit de quatre psychiatres : deux, David Gourion et Marc Masson, exercent en libéral. Les deux autres, Philippe Fossati et Raphaël Gaillard, sont respectivement professeurs de psychiatrie à la Pitié-Salpêtrière et Sainte-Anne.
Ils rappellent des situations de pénuries récemment évoquées par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) : entre autres, la quiétapine, très prescrite face aux troubles bipolaires et la schizophrénie, ou la sertraline, l'un des principaux antidépresseurs. ”Chaque rupture de traitement est susceptible de provoquer des décompensations aiguës, des souffrances psychiques insupportables, et surcharge davantage des services psychiatriques déjà saturés”, expliquent les auteurs, évoquant une réponse insuffisante des pouvoirs publics.
Appel à relocaliser la production de certains médicaments
“Abandonner les malades mentaux ne peut pas être un choix politique acceptable dans une société qui se veut solidaire et alors que la santé mentale a été déclarée grande cause nationale en 2025”, insistent-ils, appelant notamment à relocaliser la production de certains médicaments. Cette tribune s'inscrit dans un contexte plus large de pénuries récurrentes de médicaments, dont les causes sont complexes et recouvrent à la fois la délocalisation de la production des principes actifs de traitements, et un système de fixation des prix parfois jugé insuffisamment rémunérateur par le secteur pharmaceutique.
À ce titre, les auteurs de la tribune regrettent l'absence de traitements “innovants” en France comme la cariprazine, utilisée dans d'autres pays contre la schizophrénie. La valeur ajoutée de ce médicament ne fait néanmoins pas consensus. La Haute autorité de santé (HAS) a reconnu qu'il était efficace, mais n'a pas conclu que les études existantes avéraient son intérêt par rapport aux traitements déjà disponibles en France.