REMU-MÉNINGES
Extrait d'un article sur la santé mentale publié le 27 mars sur le site internet du journal LE MONDE, écrit par Aude Dassonville et Solenn de Royer.
Nicolas Demorand dévoile sa bipolarité et son apprentissage de la fragilité avec son livre « Intérieur nuit ». Le journaliste, qui coanime chaque matin la matinale de France Inter, révèle dans un essai la maladie mentale qui le touche. Un récit poignant et courageux, dans lequel il raconte son parcours médical tortueux.
Livre. « Je suis un malade mental. » C’est ainsi que Nicolas Demorand commence le livre, Intérieur nuit (Les Arènes, 112 pages, 18 euros), dans lequel il révèle sa bipolarité : « Mot précis qui a remplacé maniaco-dépressif. » Depuis vingt, trente ans peut-être, le journaliste, qui coanime depuis 2017 la matinale de France Inter, alterne les phases up (maniaques), « euphorie malsaine » et « énergie noire », et les phases down (dépressives), caractérisées par une fatigue insondable, des souffrances psychiques insoutenables (il emploie le mot « martyre »), une envie de mourir. Entre les deux, il « respire », dans l’attente inquiète « que l’une ou l’autre de ces phases se manifeste ». « Ce qui me définit aujourd’hui, c’est d’être divisé », résume-t-il.
Dans un texte court, haletant et dense, Nicolas Demorand raconte son parcours médical, lent et tortueux, jalonné d’échecs. Des séjours en hôpital psychiatrique, des médicaments inutiles, des généralistes impuissants, des heures perdues en analyse… Des années d’errance avant qu’un diagnostic soit enfin posé, en 2017. Son livre est aussi un réquisitoire contre la médecine : « Je ne comprends toujours pas, aujourd’hui, pourquoi personne n’a su sérieusement s’intéresser aux causes du mal au lieu de mal en soigner les effets. » Manifestation de la crise de la psychiatrie, avance-t-il, ou « mépris pour ces malades qu’on ne veut pas voir ».