PAPA

Du haut de mes 9 ans, je ne comprends pas ce père, Capable du pire, comme du meilleur, j'y perds mes repères. Ce regard noir quand je l'exaspère, Cette main agile pour me faire taire,

Et parfois, de longues discussions, quand me vient une question, Qui, pour lui mérite une explication. Cette volonté, de nous instruire, de partager son savoir, Si fier de nous avoir.

J'ai 7 ans, je suis son petit frère, Nous sommes ensemble dans cette galère, Si ça ne va pas assez vite, il s'excite, Tant et tant que je flippe.

Je suis un garçon agité, Je mets un tel désordre qu'on ne sait pas même où passer. Mais je le fais rire, Je le câline et, même s'il reste assez froid, je sais que ça lui fait plaisir.

J'ai 38 ans, je suis avec lui depuis 21 ans, Particulier, il l'est depuis tout ce temps. Je ne lui ai dit qu'en thérapie. Surpris, “Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?”

On ne pouvait pas te parler, Ni te raisonner, Incapable d'écouter, Il en a pleuré.

Je suis atteint de troubles psychiques, rayon humeur, Capable de haïr, de ne rien ressentir et encore moins le bonheur. Je ne pourrais pas vivre sans eux : Ma fille, fantaisiste aux yeux bleus, Mon fils, bisounours vitaminé, Ma femme, a toujours surveillé mes excès, Pour qu'ils ne soient jamais la cause de mon décès,

Elle tient tout sur ses épaules, Véritable pilier : de la force, du courage et du cœur, elle a le monopole,

J'ai fait souffrir les miens. Pas encore guéri, je serai soigné demain. Merci de m'aimer, de passer outre chaque matin,

Même si je leur ai déjà proposé, Elle, il, elle, ne veut que le sien : Son père, son mari, même atteint. Pour rien au monde on ne le changerai demain.