Poésies en Folies

poésies, écrits, pensées, exercice libératoire, partage universel

Donner de la confiture aux cochons ! Ma nature n’est pas compréhensible par les cons. Quand j’en parle, certains ont les yeux ronds. Cela fait plus d’un an que je me triture, Je ne sais plus si je vais mieux… ou moins bien. C’est souvent une torture, De ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Je suis malheureux, c’est un fait. Je pense très souvent à comment tout achever. Ne voyant pas d’issue favorable, Dois-je abandonner trois âmes formidables ? Pour qu’elles avancent enfin ? Pour qu'elles se libèrent d'un frein ? Pour que disparaisse un homme sans destin ?

Voilà le qualificatif que l’on m’a attribué, Et cet adjectif a été prononcé par ma parenté. Dans l’échange, tout était mélangé : Les faits et les années.

Je n’étais pas bipolaire à huit ans. Faut-il être à ce point bête ou d’esprit lent, Pour confondre l’arrêt anecdotique de l’activité d’un enfant, Par désintérêt du dit passe temps, Je m’ennuie, je change… en quoi serais-je différent de millions de gens ?

Depuis que j’ai voulu nommer les choses, On se trouve soudain des dons en psychose, Et l’on raccroche tout et n’importe quoi, À ma pathologie, sans s’assurer de la justesse de tout cela. Ma bipolarité expliquerait tout : mon caractère, mes émois… Sans la moindre distinction, on y fourre tout. C’est trop pour moi. Je ne veux plus entendre un seul mot, tu vois.

Déception, blessure, rage… Être à ce point dégoûté par son entourage, Quand on attendait du soutien… Je me sens même insulté, compris en rien. J’ai envie de couper définitivement le cordon. De toute ma vie, il ne m’a jamais relié à quoi que ce soit de bon.

3 + 1 ça fait 4 en arithmétique, J'ai appris que ce n'est pas systématique. 1 jour, ma moitié m'a dit que nous ne faisions pas 1, Mais 2, chacun sur son chemin.

3 + 1, eux plus moi, ça ne fait toujours pas 4, Le résultat n'est pas encore exact. Car eux 3 vivent sans moi, 3 + 1 sous le même toit, Mais on ne regarde pas par la même fenêtre. 3 marchent droit devant tandis qu'1 mène une autre quête, Je cherche à comprendre mon destin et d'où je viens. C'est pour ça que je m'entête. L'horizon n'a de cesse de reculer sans fin.

Isolé au sein de mon foyer, à part et peu impliqué, Je voyage à l'intérieur de moi et sans passager. Quand nous 3 + 1 promenons sur la plage, 3 sont ensemble, et 1 marche loin devant. Les années passent, je prends de l'âge, Il faut que je m'occupe de mes 2 enfants. Avec de nouveaux actes, 1 nouveau pacte, 3 + 1 devrait enfin faire 4.

Le mieux serait même qu'il ne fasse qu'1.

Après avoir vécu mille vies, J'ai décidé de vivre la mienne. Alors que les humeurs s'enchaînent, Je souhaite en jouir à tout prix.

J'ai appris à me connaître, Je peux être un con qu'on exècre, Comme un fidèle ami, Faire le grand écart, comme on dit.

Très attentif, je me vois désormais apparaître, Positif ou négatif, c'est selon, Alors je réagis toujours en fonction, Et ajuste le tir depuis ma fenêtre.

J'ai depuis peu cette faculté, Celle d'anticiper qui je serai, Cela m'a demandé plus d'une année Pour m'apprivoiser.

Malgré tout, je reste handicapé, Je ne suis plus le même, il est vrai, Chaque journée active se paie, Chaque lendemain se déroule allongé.

Mon écoute n'est pas aussi efficace, Ma mémoire me trompe, Le temps est devenu flou, Mon esprit n'est pas si perspicace, Mes paupières tombent, Devant l'érotique, je reste mou.

Si la vie est un long chemin, La mienne est une grande randonnée, Du type qui emprunte les sommets, Mais aussi les vallées escarpées.

Si aujourd'hui le dénivelé est le même, J'ai quand même l'impression Que la brume a quitté l'horizon, Et qu'enfin se jouera bientôt une nouvelle scène, Dans laquelle mes yeux dévoreront Tout ce qui s'offrira à moi, à chaque occasion.

Une situation dans laquelle mon trouble psychique est un compagnon, Et non un sac à dos rempli de moellons. Apprendre à vivre avec et non en opposition, Poursuivre l'ascension et délaisser mes bâtons.

Je vis non loin de la mer, Je ne la vois pas de ma fenêtre, pour être sincère, Mais j'aime à penser que je la ressens, Quand, dans ma parcelle, souffle le vent.

Certains croient en Dieu, moi je crois que le souffle d'un air salin, Fait onduler la pelouse et les plantes de mon jardin. Quand je m'y balade, contemplatif, pensif, les yeux mi-clos, Ce souffle me projette au bord de l'eau.

Je vois le sable, les herbes, les drôles de rochers, Cette muraille en diagonale, qui coupe la route de l'eau salée. On dirait un rempart, un château fort à moitié immergé, Les vagues qui viennent sans fin s'y fracasser, Et l'écume blanche, qui tranche avec le bleu, parfois sombre et grisé, De cette mer dont, amoureux, je suis tombé.

J'aime la mer, je ne peux m'en lasser, J'aime la mer, j'aimerais l'enlacer. Être sur terre et pouvoir la contempler, C'est sûrement le plus beau cadeau que la vie m'ait fait.

Je sens son souffle, sa grandeur, sa puissance, son éternité, Elle m'enveloppe et je ne peux m'en passer. Il n'est pas bien grand, mon jardin, Mais quand le vent souffle, il s'agrandit soudain. Il n'est plus un simple et petit jardin, Il est un morceau d'un paysage marin. Je ne la vois pas, je n'en ai pas besoin, Je la ressens, et cela fait le plus grand bien.

Je suis nostalgique, même si je me l'interdis, Je me dis qu'avant c'était fantastique, alors que c'est une connerie, J'ai voulu m'engager, mais ça n'a pas duré, Tout et son contraire, je m'y suis habitué.

Je suis un funambule de l'humeur, Parfois je chute, c'est la stupeur, Puis je me relève, à la bonne heure, Si on se faisait une partie de poker menteur.

J'ai passé plus de la moitié de ma vie dans cet état, Mais je ne l'ai découvert qu'à la faveur d'un faux pas, À la faveur d'une crise, à la faveur d'une brise qui sous mon crâne souffla, Suis-je normal ? Je ne le crois pas.

Être normal, ça veut dire quoi ? Puis être normal, ça n'existe pas, D'après ceux que je vois, Au minimum, une fois par mois.

Grâce à qui vous voulez, je n'ai jamais été banal, Et je ne peux que m'en féliciter, Par le passé, j'ai pas mal expérimenté ! Je ne vis pas ma vie comme la majorité.

Avant de savoir que j'étais bipolaire, je ne voyais pas en quoi je pouvais débloquer, Alors aujourd'hui, pourquoi devrais-je me renier ? Je fais en sorte de fuir mon extrémisme patenté, Sur les plumes d'un canard, tout est censé glisser, Je suis du papier de verre, tout ne fait qu'accrocher.

À jamais je resterai ainsi, car on ne guérit pas de cette maladie, D'un geste brutal, je préfère briser, tous les rétroviseurs et leurs maudits reflets, En s'acceptant, on aide ceux qui vivent autour de nous, À ne plus craindre, à ne plus subir, à embrasser la vie, c'est fou !

J’ai longtemps privilégié la fuite, Je n’ai que rarement donné suite Aux relations, même sympathiques, Aux rencontres fortuites, Factures déduites, Sans aucune logique. J’ai des pensées problématiques, Un “au cas par cas” spécifique.

Je me bande les yeux, advienne ce que... Je prends de l'élan et recule pour mieux... Je pensais m'en être sorti, mais je replonge. Je me croyais guéri, mais tout n'est que songe. J'avale une dizaine de comprimés, parfois je me trompe, pourtant je le note. Je m'engage, bénévole pour celles et ceux... puis je stoppe ! Je ne sais que faire pour eux. Après tout, qu'est-ce que j'y peux ?

Les hauts précèdent les bas. Je fais le constat que passent les saisons et cela ne change pas. Ils me le disent à chaque fois : “Monsieur, cela se lissera.” Je les écoute, espérant qu'ils y voient mieux que moi. Mais ils ne le vivent pas, pour eux, ce n'est qu'une théorie en soi. Je traverse tout un tas d'émotions, j'en suis plus que las. J'ai des envies, puis je me demande bien pourquoi. Alors je recommence, mais je ne termine pas.

Je rencontre tellement de familles en détresse, des gens que l'on laisse errer, À qui l'on dit que leur fils est... est... est... Trois diagnostics en une année. J’ai voulu offrir de ma personne, sans cesse donner, Jusqu'à l'appauvrissement le plus complet. Comment faire quand on est soi-même touché ? Pour garder de la place aux autres, j'ai les oreilles bouchées. J'en suis tellement fatigué que je pense de plus en plus à me retirer, Tout doucement, comme je suis rentré, Par une petite porte dérobée.

Aujourd'hui point de poésie, Juste un merci, Car, je me sens relativement bien, Enfin,

Plus d'un an que je suis quasi coupé de la réalité, Que j'ai arrêté de travailler, De nouvelles perspectives semblent s'offrir à moi, A moi de faire les bons choix,

Merci à toutes les personnes qui me suivent, Qui me réconfortent et m'aiguillent, Merci aux miens, dont le soutien est sans fin, Et merci à la vie, qui m'a offert un sursis !

Meilleurs vœux, Je vous souhaite le mieux. Pour ma part le temps est une bande dont la fin m'est encore inconnue, Je ne perçois pas cette fin et ce début, En quoi un simple calendrier en papier, pourrait stopper ou commencer ? Le temps, un jour, un mois, une année.

Je continue mon chemin, Lentement, pas après pas, Toujours dans l'espoir de meilleurs lendemains, J'essaie de ne pas être las.

J'ai passé les fêtes en famille élargie, Pas de réelles discussions, mais au moins pas de conflits, J'essaie désormais d'être plus précis sur ma pathologie, De commencer à l'assumer, de dire qui je suis. Au détour d'un couloir, elle me demande si j'ai dit que c'était à cause d'elle. Oui, tu m'as coupé les ailes ! En vérité je n'ai pas répondu. Était-ce une perche tendue, sorte d'excuse voulue ? Prise de conscience, début de reconnaissance ?

Je ne sais pas ce que réserve l'avenir. Si on le savait à l'avance on agirait différemment, peut-être pour le pire, Pour le moment, l'urgence c'est de vivre. Avec un membre éminent du club des toqués, Nous avons décidés que 2025, verrait la concrétisation d'un beau projet, Celui de faire parler, celui de faire témoigner, celui de conter. Avec notre voix, aider mais aussi, avec nos oreilles beaucoup écouter.

Alors rendez-vous tout au long de l'année ici ou ailleurs, Tout nos vœux de bonheur, Familles, amis, proches et porteurs d'un trouble psychique, Tous ensemble, faisons en sorte que cette année soit magique.

C'est en XXIII que tout a commencé, Une première sacro-sainte année, Un très long toboggan dans lequel je me suis laissé glisser. Il n'avait de cesse de tourner, et moi, je n'ai pas su freiner.

Dans une spirale, je me suis enfermé, Pas de sable ou de tapis pour me réceptionner. C'est en XXIV qu'en psychiatrie je vais être ramassé, À la petite cuillère, comme il est d'usage de le souligner. Tel un puzzle usagé, un baril de Lego désordonné, Une poupée dans une crèche, privée d’un membre, d’un œil, de sa dignité.

Depuis ma chute, j'ai passé un temps fou à tout raconter, Comme un disque rayé, je revis une G.A.V. : Répéter inlassablement comment tout a vrillé, Les faits, les dates... Tout finit par se mélanger. C'est parfois à se demander si je n'ai pas tout imaginé.

Je suis un foutu polytraumatisé. Le genre de gars qui n'a pas encore tout résolu, Ni sa mélancolie, ni son instabilité, Le genre de gars plein d'aigreur, qui a encore du mal à digérer son vécu.

XXV sera peut-être l'année où tout va se résoudre, Je n'aurai plus besoin d'en découdre, Je n'aurai plus de grain à moudre, Je n'en aurai plus rien à foutre.

L'année où l'apaisement va me recouvrir, Tel une couverture de survie, pour que mon esprit ait moins à souffrir. A force de médiquer, mes synapses vont s'ouvrir, De la vie à nouveau, j'espère jouir.

La fin de l'année arrive, si j'en fais le bilan, il est positif quoi que j'en dise. Je prend assez de médicaments, pour être forcé d'arrêter la tise, Le vin et la bière 0,0 c'est tellement crasse, c'est tellement fade, c'est tellement lisse, Que les fêtes sont garanties sans bêtises.

De plus en plus sous contrôle, je ne suis pas encore la sagesse incarnée, Mais d'après ceux qui surveillent ma geôle, ma geôle dorée, C'est une question de temps — un temps que je vais compter. Des Alpes, je suis passé aux Monts d'Arée : La courbe de mon humeur continue d'onduler, Mais ses oscillations sont plus lissées, Finis les sommets pointus sur lesquels le vent peut hurler.

Je suis atteint par un trouble de l'humeur, Je commence à l'accepter, la clef du bonheur ?

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