Poésies en Folies

poésie

Innocent, La douleur que je ressens, Et que personne ne comprend, Est bien là, ce n'est pas du vent.

On me soupçonne de simuler, Quel médecin censé peut, d'un gosse de 8 ans douter ? Où est ta déontologie, espèce de connard ? Oui, toi l'ignorant, incapable de savoir.

Tu te réfugies derrière des explications foireuses, Programmes tests et examens au justifications douteuses, Dire que tu exerces encore ! À combien de patients as-tu réservé le même sort ?

Ton égo t'empêche de m'adresser à tes confrères, Pourtant eux, moins fiers, Vont trouver. J'ai une maladie articulaire, complexe à soigner, Croyez-moi, j'ai souffert, A un niveau qui échappe à votre imaginaire. Un halo fixé dans mon crâne, cicatrices impossible à défaire. Chaque fois que je me vois dans un miroir, Je me souviens : c'est obligatoire. Toute ma vie, des stigmates sur le front, Traces indélébiles sur lesquelles, on me pose parfois des questions.

Après avoir placé des mots sur mes maux, Je vais devoir passer des mois à l'hosto, Sans personne pour le câlin du dodo. Seul, ma famille loin, je dois affronter ça, bien sage, Des kilomètres à rouler dans mon fauteuil solo, tel un lion en cage.

Souvent je pleure, je me sens puni. Je voudrais en vouloir à quelqu'un, mais qui ? A un moment, j'ai maudit la Vierge Marie. Cette putain de maladie, fait partie intégrante de ma vie.

Mignon et sympathique, j'ai laissé toute une clique, D'infirmières en formation, me poser des perfusions avec peu de technique. Je ne dis jamais non, je serre les dents. Les bras bleuis, des erreurs de ces gens, Pas toujours très doués, mais au moins bienveillants.

Les mois passant, je suis devenu une mascotte, un enfant qui écoute et comprend. Alors on me fait faire le tour des bâtiments. Mais je suis trop jeune pour voir tout ça ; cela me met l'esprit en berne : Amputés, grands brûlés, service orthopédique et ses fixateurs externes, Camarade leucémique décédée. Sous un drap, un matin, je la voit s'en aller.

Père de famille qui frappe sa femme, Mère à la belle âme. Douce, aimante avec ses enfants, Je n'oublie pas ses cris glaçants, Ni son visage en sang. Le personnel qui essaie d'éloigner cet enfoiré... Je lui souhaite encore de crever.

De temps en temps j'ai des camarades de chambre plus âgés, Chambre double pour soi-disant, m'occuper. Un ado de 17 ans va en profiter. Á l'abris des regards du personnel de nuit, films d'horreur et pornos diffusés. Tout cela va, dans ma rétine s'imprimer.

Trop jeune, l'hôpital ne m'a rien épargné.

Puis un soir, on va me laisser dans le lit en face, un sujet psychotique. En pleine nuit, il fait une crise : totalement chaotique. Attaché à mon lit pour des questions thérapeutiques, Je n'ai aucune possibilité de fuite.

Alors j'ai peur. J'essaie d'appeler le personnel, urgence d'insister. Le temps est long avant qu'elles soient alertées. Il est fortement sédaté pour le calmer, puis c'est le moment de nous séparer.

Comment veux-tu sortir sans séquelles de ce merdier ? Comment veux-tu t'en remettre quand, en partant, aucune aide ne t'est proposée ? Le pavillon Sainte-Louise du CHU Purpan a depuis été rasé. Je n'arrive pas à l'oublier, même s'il a cessé d'exister. Il m'arrive encore d'en chialer.

Le socle de ma pathologie psychique était posé ! La suite rajoutera une couche pour m'achever. On dit souvent qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est en partie à cause d'eux.

Ces traumatismes toujours pas évacués, Cette tristesse qui ne m'a jamais quitté, Cette enfance qui m'a été volée.

Dans un prochain texte, vous comprendrez, quel coup de grâce m'a été donné. Ce coup de grâce qui fera de moi un inadapté.

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Je dois beaucoup à ma déchéance. Elle m'a appris deux choses, la patience et la tolérance.

Il n'y avais que moi, Désormais, il y a aussi, toi, toi, puis toi et toi,

Ces moi et ces toi, ça fait des nous, Des tas de nous, des nous de toute sorte. Toute sorte de fous ?

Non, nous ne sommes pas fous. Pas fous du tout.

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Je descends de la voiture, leur dis au revoir, les yeux plissés. J'arrive un soir dans l'obscurité, sac de sport sur l'épaule jeté, L'éclairage faiblard peine à me guider.

Deux jeunes fumeuses, abritées sous le auvent, semblent s'interroger : Que viens faire un quadragénaire dans cette unité ? Réservée habituellement aux ados et adultes primo-déclarés, Je suis paumé, un enfant effrayé.

Je ne l'ai pas décidé, la Doc n'a trouvé que ce lit non occupé. Me voilà dans un service spécialisé — pas de dessin à vous faire, vous avez compris de quoi il retournait. L'accueil est chaleureux, mais intrusif, Contre tout risque de suicide, on fouille, on écarte tout ce qui tranche dans le vif.

Pas de télé dans les chambres, pas plus que de flexibles de douche. Isolés du monde : pas de risque de faire un geste qui nous touche. Les repas sont pris tous ensemble, mais ils sont silencieux, Que croyez vous que se disent des malades entre eux ? Des gens qui sont tout, sauf heureux.

Chacun fait sa vie sans l'autre, sans animosité, La souffrance est palpable, presque tangible. Cela m'est impossible, Mais j'aimerai les aider. De 15 ans à, qui sait, bien trop jeunes en tout cas, Leur vie suspendue, ils n'ont rien fait de mal, ça se voit. Juste nés au mauvais endroit, l'amour parental ne va pas toujours de soit.

Trois fois par jours, nous faisons la queue, Au bureau infirmier, tels des animaux d'élevage, Nous attendons nos comprimés précieux. Il faut en prendre beaucoup pour rester sage.

Au fil des jours, quelques discussions, Parfois même, quelques sourires naîtront. Par leurs histoires, profondément ils me toucheront, A relativiser, ils m'aideront.

La plus jeune d'entre nous termine son séjour, il est temps de partir, Elle retourne en foyer, j'espère qu'elle va s'en sortir. Les autres ? Je ne les verrai partir que furtivement, A travers des fenêtres qu'on peut à peine ouvrir, Pour nous empêcher de mourir. Ainsi va la vie ici : rien de bien marrant.

C'est enfin mon tour de rentrer chez moi. Mon sac à mes pieds, dans l'espace commun, je n'attends que ça.

Mais une angoisse cerne mon esprit : Vais-je tenir loin d'ici ? Une fois l'équipe médicale hors d'atteinte, Vais-je poursuivre mon astreinte ? Ou tout stopper. Je vais d'ailleurs le faire. Essayer. Prolonger ma descente jusqu'à réaliser. Que je ne peux pas y échapper.

J'espère que mes camarades, aventuriers de la psychiatrie vont bien, J'espère que d'eux s'est éloigné le chagrin. Je ne vous oublierai pas, Compagnons d'infortune. J'aimerai vous serrer dans mes bras, Le soir venu je fixe la lune. Peut-être qu'un jour l'on se reverra. Vous serez guéris d'ici là, Je l'espère de tout cœur en tout cas.

Texte écrit en souvenir du CH de Morlaix, UPEC, 2024, Personnel et patients

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Je me répand dans tout son cerveau, Telle l'encre projetée par un poulpe sous l'eau,

Je me suis tellement diluée dans son esprit, Qu'il a peu de chance de survie.

Pour m'éliminer, il lui faudra se battre, Tant et tant, que pour y parvenir, il faudra un miracle.

Une obsession prend le dessus, En finir vite et rejoindre Boudah, Allah ou Jésus.

Sournoisement je me suis diffusée dans sa tête, Tellement efficacement, que rien ne m'arrête.

Circulez, il n'y a rien à voir, encore moins un spectacle, Épuisé, il renonce enfin à se battre.

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Pardonnez-moi de m’endormir en plein jour, Pardonnez-moi de veiller toute la nuit, Pardonnez-moi de repartir pour un tour, Pardonnez-moi mes trop-pleins d’énergie.

Bas, haut, haut, bas, Survolté, débordant d'idées, Vidé, amorphe, parfois las, Dépensant sans compter, Pleurant pour n'importe quoi.

Installé dans des montagnes russes, Je vis tout avec l'intensité d'un nouveau-né, Étais-je barjot dans l'utérus ? Qu'est-ce qui a déconné ?

Je fais tout cela avec l'intime conviction que c'est nécessaire, Je ne vois pas le problème dans mes petites affaires, Je peux larmoyer en écoutant chanter, Comme me dire aussi : “Je pourrais l'écraser”, Ce putain de chat, qu'en mes mauvais jours, je ne peux supporter.

Osciller entre dépression et gaieté, Osciller entre haine et besoin d'amitié, Osciller entre manque total d'empathie, Et attachement proche de la folie. Osciller entre énergie solaire et catharsis lunaire.

Comment vous faire comprendre ce qu'il se passe dans un esprit ainsi construit ? Comment vivre ainsi ? Avoir si peu d'humanité, Être aussi peu concerné, Par ceux qui peuvent m'entourer.

L'impression d'être méchant, froid, distant, Rien ne m'affecte, rien ne m'inquiète, Rouler à toute vitesse, mourir de ça ou d'ivresse, A quoi bon s'en soucier, On finit tous par crever !

Beaucoup de violence, envie de frapper, Carences de mon enfance, Des coups reçus et portés, Et puis, parfois, des absences, Commencer milles choses, ne jamais les terminer.

Le verdict s'impose : Je suis troublé. Volubile, parlant sans arrêt. Prenant des décisions toujours regrettées, Consommant tout avec avidité.

Quand ce n'est mon cœur, qui se met à palpiter, C'est mon cerveau qui est désorganisé. Des instants où il bouillonne, Des instants où il déconne, Passant d'un pôle à l'autre, sans jamais emprunter la route rassurante qui devrait les relier.

Préférez y la douleur, la violence, la destruction, la passion, la créativité débordante, le bonheur stéroïdé.

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Le tout dans des proportions plus proches de la louche que de la pincée, Le secret de ces sensations c'est l'approche, faire mouche avec excès.

Je veux vivre avec intensité, Et mourir apaisé.

Peut-être un jour, qui sait !

Certains disent que le temps efface tout, C'est faux et c'est fou !

Leur vie n'est certainement pas pleine de ratures. On m'a écrit dessus à coup de feutres indélébiles, On a gravé sur moi à coup de burin.

On a tagué mon âme comme un simple mur, J'ai souvent le sentiment d'être devenu inutile, Et que ma vie ne vaut rien.

Le temps n'efface rien, Il dilue tout au plus. Du temps se nourrit la rancœur.

Le temps maintient la douleur, Il n'est jamais un bonus, Ce n'est juste qu'un chien !

Le temps passe et je n'oublie, Ni la violence, ni l'horreur, Ni la souffrance, ni la peur.

Le temps passe et je n'oublie, Ni le manque de tendresse, Ni ma plus grande faiblesse.

Le temps passe et je n'oublie, Ni la maladie, ni l'échec, Ni ce goût infect.

Certains disent que le temps efface tout. C'est fou et c'est faux, C'est faux et c'est fou.

Hé le temps ! Oui toi le temps, j'veux plus te voir, j'te tourne le dos !

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De tout âge, de tous horizons, De tout sexe, de toute condition.

Nous avons toutes et tous une raison, D'aller mal, même sans justifications.

Tant de variations de fonctionnements, Tant de personnes uniques mentalement.

La liste est longue, les pathologies nombreuses et variées, Autant que le nombre de leurs porteurs est illimité.

Allant au tréfonds de l'âme, que nombre de neurotypiques n'attendrons jamais, Y survivre fait de nous des héros du quotidien, méritants d'être écoutés,

Quand l'on sait que frères et sœurs, chaque jours sont déclarés décédés, Il est crucial que l'espoir reste plein et entier.

S'il est dur d'être anhédonique, Il est aussi éprouvant, d'être son double colérique.

Il est puissant de voir le monde, à travers un prisme atypique, Putain, que la vie parfois est belle avec cette logique !

Les substances peuvent rendre la vie fantastique, Mais derrière elles, rien de magique.

Le cheminement intérieur reste le remède le plus bénéfique, Et de la thérapie, je pourrais vous faire des lectures allégoriques.

Toi, toi, toi et toi, devenez des soldats du quotidien, lourdement armés, Faites de chaque minutes une bataille contre vous mêmes et pansez vos plaies.

Dîtes-vous des “je t'aime” et “je t'aimerai” Vous pouvez le hurler ou le chuchoter.

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De tout âge, de tous horizons, De tout sexe, de toute condition.

A cause de pathologies variées, Nombre d'écosystèmes sont dévastés.

Malades, guérissez !

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Du haut de mes 9 ans, je ne comprends pas ce père, Capable du pire, comme du meilleur, j'y perds mes repères. Ce regard noir quand je l'exaspère, Cette main agile pour me faire taire,

Et parfois, de longues discussions, quand me vient une question, Qui, pour lui mérite une explication. Cette volonté, de nous instruire, de partager son savoir, Si fier de nous avoir.

J'ai 7 ans, je suis son petit frère, Nous sommes ensemble dans cette galère, Si ça ne va pas assez vite, il s'excite, Tant et tant que je flippe.

Je suis un garçon agité, Je mets un tel désordre qu'on ne sait pas même où passer. Mais je le fais rire, Je le câline et, même s'il reste assez froid, je sais que ça lui fait plaisir.

J'ai 38 ans, je suis avec lui depuis un moment, Particulier, il l'est depuis tout ce temps. Je ne lui ai dit qu'en thérapie. Surpris, “Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?”

On ne pouvait pas te parler, Ni te raisonner, Incapable d'écouter, Il en a pleuré.

Je suis atteint de troubles psychiques, rayon humeur, Capable de haïr, de ne rien ressentir et encore moins le bonheur. Je ne pourrais pas vivre sans eux : Ma fille, fantaisiste aux yeux bleus, Mon fils, bisounours vitaminé, Ma femme, qui a toujours surveillé mes excès, Pour qu'ils ne soient jamais la cause de mon décès,

Elle tient tout sur ses épaules, Véritable pilier : de la force, du courage et du cœur, elle a le monopole,

J'ai fait souffrir les miens. Pas encore guéri, je serai soigné demain. Merci de m'aimer, de passer outre chaque matin,

Même si je leur ai déjà proposé, Elle, il, elle, ne veut que le sien : Son père, son mari, même atteint. Pour rien au monde on ne le changerai demain.

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Confiance en soi ébranlée, Né d’une mère qui ne sait pas aimer. Les coups pleuvent, pas le temps de discuter, Malheureusement, jamais soignée, Son mal-être m’a définitivement abîmé.

Tant de haine, envers elle étouffée, Tant de questions, sans réponses cumulées. Des années à se demander : Comment peut-on faire ça à ses enfants, qu’on se doit de choyer ?

De longs couloirs hospitaliers arpentés, Seul, en fauteuil, à errer, Plein d’images fixées à jamais, Dans ma rétine, l’horreur imprimée.

Malade physiquement dès mes 9 ans, Malade psychiquement à mes 40 ans. Malade physiquement dès mes 9 ans, Malade psychiquement à mes 40 ans.

Jamais l’on n’a parlé ni de mon bourreau, ni de l’horreur rencontrée. Me voilà devenu un adulte déformé, Handicapé par toutes ses plaies. Mais, bien entouré, j’ai décidé de tout briser : Je ne veux plus être impacté par mon passé, Ni reproduire les excès d’une mère Qui n’aurait jamais dû nous élever, Rabaisser étant plus proche de la vérité.

Je vieillis et tends à m’apaiser. Je ne pardonne pas, mais j’accepte d’ébrécher ce mur érigé pour nous séparer.

Elle est ainsi, trop tard pour la changer. Peut-être, elle-même n’a-t-elle pas été assez aimée ?

Soigné un jour, définitivement, Je ferai tout pour aimer mes enfants. Fini les coups, les brimades, Que triomphe l’amour et la rigolade.

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Le temps est long, Le jour est noir, La nuit est blanche.

Danger. Amis. Disparitions. Je, tu, il broie du noir Chacun, à sa façon, déclenche

Ton entourage atteint la saturation, Tu refuses de le voir, Puis un jour, tout s'enclenche.

Voici venue ta pérégrination, Ne te laisse pas choir, Ou viendra la déchéance.

Deux chemins : un mauvais, un bon. Ne t’en remets pas au hasard, Ne compte pas non plus sur la chance.

Parle, hurle, exprime à fond ! On t’entendra bien quelque part, Surmonte ta défiance.

Le parcours n’est qu’élévation, Vis-le à fond, avant qu’il ne soit trop tard. La victoire viendra de ta résilience.

Je, tu, il broie du noir. Je, tu, il broie du noir. Mais je, tu, il écarte le désespoir : Le ciel enfin dégagé te laissera voir Cet avenir constellé d’espoir.

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