Poésies en Folies

psychiatrie

Après avoir vécu mille vies, J'ai décidé de vivre la mienne. Alors que les humeurs s'enchaînent, Je souhaite en jouir à tout prix.

J'ai appris à me connaître, Je peux être un con qu'on exècre, Comme un fidèle ami, Faire le grand écart, comme on dit.

Très attentif, je me vois désormais apparaître, Positif ou négatif, c'est selon, Alors je réagis toujours en fonction, Et ajuste le tir depuis ma fenêtre.

J'ai depuis peu cette faculté, Celle d'anticiper qui je serai, Cela m'a demandé plus d'une année Pour m'apprivoiser.

Malgré tout, je reste handicapé, Je ne suis plus le même, il est vrai, Chaque journée active se paie, Chaque lendemain se déroule allongé.

Mon écoute n'est pas aussi efficace, Ma mémoire me trompe, Le temps est devenu flou, Mon esprit n'est pas si perspicace, Mes paupières tombent, Devant l'érotique, je reste mou.

Si la vie est un long chemin, La mienne est une grande randonnée, Du type qui emprunte les sommets, Mais aussi les vallées escarpées.

Si aujourd'hui le dénivelé est le même, J'ai quand même l'impression Que la brume a quitté l'horizon, Et qu'enfin se jouera bientôt une nouvelle scène, Dans laquelle mes yeux dévoreront Tout ce qui s'offrira à moi, à chaque occasion.

Une situation dans laquelle mon trouble psychique est un compagnon, Et non un sac à dos rempli de moellons. Apprendre à vivre avec et non en opposition, Poursuivre l'ascension et délaisser mes bâtons.

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Je vis non loin de la mer, Je ne la vois pas de ma fenêtre, pour être sincère, Mais j'aime à penser que je la ressens, Quand, dans ma parcelle, souffle le vent.

Certains croient en Dieu, moi je crois que le souffle d'un air salin, Fait onduler la pelouse et les plantes de mon jardin. Quand je m'y balade, contemplatif, pensif, les yeux mi-clos, Ce souffle me projette au bord de l'eau.

Je vois le sable, les herbes, les drôles de rochers, Cette muraille en diagonale, qui coupe la route de l'eau salée. On dirait un rempart, un château fort à moitié immergé, Les vagues qui viennent sans fin s'y fracasser, Et l'écume blanche, qui tranche avec le bleu, parfois sombre et grisé, De cette mer dont, amoureux, je suis tombé.

J'aime la mer, je ne peux m'en lasser, J'aime la mer, j'aimerais l'enlacer. Être sur terre et pouvoir la contempler, C'est sûrement le plus beau cadeau que la vie m'ait fait.

Je sens son souffle, sa grandeur, sa puissance, son éternité, Elle m'enveloppe et je ne peux m'en passer. Il n'est pas bien grand, mon jardin, Mais quand le vent souffle, il s'agrandit soudain. Il n'est plus un simple et petit jardin, Il est un morceau d'un paysage marin. Je ne la vois pas, je n'en ai pas besoin, Je la ressens, et cela fait le plus grand bien.

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Je suis nostalgique, même si je me l'interdis, Je me dis qu'avant c'était fantastique, alors que c'est une connerie, J'ai voulu m'engager, mais ça n'a pas duré, Tout et son contraire, je m'y suis habitué.

Je suis un funambule de l'humeur, Parfois je chute, c'est la stupeur, Puis je me relève, à la bonne heure, Si on se faisait une partie de poker menteur.

J'ai passé plus de la moitié de ma vie dans cet état, Mais je ne l'ai découvert qu'à la faveur d'un faux pas, À la faveur d'une crise, à la faveur d'une brise qui sous mon crâne souffla, Suis-je normal ? Je ne le crois pas.

Être normal, ça veut dire quoi ? Puis être normal, ça n'existe pas, D'après ceux que je vois, Au minimum, une fois par mois.

Grâce à qui vous voulez, je n'ai jamais été banal, Et je ne peux que m'en féliciter, Par le passé, j'ai pas mal expérimenté ! Je ne vis pas ma vie comme la majorité.

Avant de savoir que j'étais bipolaire, je ne voyais pas en quoi je pouvais débloquer, Alors aujourd'hui, pourquoi devrais-je me renier ? Je fais en sorte de fuir mon extrémisme patenté, Sur les plumes d'un canard, tout est censé glisser, Je suis du papier de verre, tout ne fait qu'accrocher.

À jamais je resterai ainsi, car on ne guérit pas de cette maladie, D'un geste brutal, je préfère briser, tous les rétroviseurs et leurs maudits reflets, En s'acceptant, on aide ceux qui vivent autour de nous, À ne plus craindre, à ne plus subir, à embrasser la vie, c'est fou !

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J’ai longtemps privilégié la fuite, Je n’ai que rarement donné suite Aux relations, même sympathiques, Aux rencontres fortuites, Factures déduites, Sans aucune logique. J’ai des pensées problématiques, Un “au cas par cas” spécifique.

Je me bande les yeux, advienne ce que... Je prends de l'élan et recule pour mieux... Je pensais m'en être sorti, mais je replonge. Je me croyais guéri, mais tout n'est que songe. J'avale une dizaine de comprimés, parfois je me trompe, pourtant je le note. Je m'engage, bénévole pour celles et ceux... puis je stoppe ! Je ne sais que faire pour eux. Après tout, qu'est-ce que j'y peux ?

Les hauts précèdent les bas. Je fais le constat que passent les saisons et cela ne change pas. Ils me le disent à chaque fois : “Monsieur, cela se lissera.” Je les écoute, espérant qu'ils y voient mieux que moi. Mais ils ne le vivent pas, pour eux, ce n'est qu'une théorie en soi. Je traverse tout un tas d'émotions, j'en suis plus que las. J'ai des envies, puis je me demande bien pourquoi. Alors je recommence, mais je ne termine pas.

Je rencontre tellement de familles en détresse, des gens que l'on laisse errer, À qui l'on dit que leur fils est... est... est... Trois diagnostics en une année. J’ai voulu offrir de ma personne, sans cesse donner, Jusqu'à l'appauvrissement le plus complet. Comment faire quand on est soi-même touché ? Pour garder de la place aux autres, j'ai les oreilles bouchées. J'en suis tellement fatigué que je pense de plus en plus à me retirer, Tout doucement, comme je suis rentré, Par une petite porte dérobée.

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Aujourd'hui point de poésie, Juste un merci, Car, je me sens relativement bien, Enfin,

Plus d'un an que je suis quasi coupé de la réalité, Que j'ai arrêté de travailler, De nouvelles perspectives semblent s'offrir à moi, A moi de faire les bons choix,

Merci à toutes les personnes qui me suivent, Qui me réconfortent et m'aiguillent, Merci aux miens, dont le soutien est sans fin, Et merci à la vie, qui m'a offert un sursis !

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Meilleurs vœux, Je vous souhaite le mieux. Pour ma part le temps est une bande dont la fin m'est encore inconnue, Je ne perçois pas cette fin et ce début, En quoi un simple calendrier en papier, pourrait stopper ou commencer ? Le temps, un jour, un mois, une année.

Je continue mon chemin, Lentement, pas après pas, Toujours dans l'espoir de meilleurs lendemains, J'essaie de ne pas être las.

J'ai passé les fêtes en famille élargie, Pas de réelles discussions, mais au moins pas de conflits, J'essaie désormais d'être plus précis sur ma pathologie, De commencer à l'assumer, de dire qui je suis. Au détour d'un couloir, elle me demande si j'ai dit que c'était à cause d'elle. Oui, tu m'as coupé les ailes ! En vérité je n'ai pas répondu. Était-ce une perche tendue, sorte d'excuse voulue ? Prise de conscience, début de reconnaissance ?

Je ne sais pas ce que réserve l'avenir. Si on le savait à l'avance on agirait différemment, peut-être pour le pire, Pour le moment, l'urgence c'est de vivre. Avec un membre éminent du club des toqués, Nous avons décidés que 2025, verrait la concrétisation d'un beau projet, Celui de faire parler, celui de faire témoigner, celui de conter. Avec notre voix, aider mais aussi, avec nos oreilles beaucoup écouter.

Alors rendez-vous tout au long de l'année ici ou ailleurs, Tout nos vœux de bonheur, Familles, amis, proches et porteurs d'un trouble psychique, Tous ensemble, faisons en sorte que cette année soit magique.

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C'est en XXIII que tout a commencé, Une première sacro-sainte année, Un très long toboggan dans lequel je me suis laissé glisser. Il n'avait de cesse de tourner, et moi, je n'ai pas su freiner.

Dans une spirale, je me suis enfermé, Pas de sable ou de tapis pour me réceptionner. C'est en XXIV qu'en psychiatrie je vais être ramassé, À la petite cuillère, comme il est d'usage de le souligner. Tel un puzzle usagé, un baril de Lego désordonné, Une poupée dans une crèche, privée d’un membre, d’un œil, de sa dignité.

Depuis ma chute, j'ai passé un temps fou à tout raconter, Comme un disque rayé, je revis une G.A.V. : Répéter inlassablement comment tout a vrillé, Les faits, les dates... Tout finit par se mélanger. C'est parfois à se demander si je n'ai pas tout imaginé.

Je suis un foutu polytraumatisé. Le genre de gars qui n'a pas encore tout résolu, Ni sa mélancolie, ni son instabilité, Le genre de gars plein d'aigreur, qui a encore du mal à digérer son vécu.

XXV sera peut-être l'année où tout va se résoudre, Je n'aurai plus besoin d'en découdre, Je n'aurai plus de grain à moudre, Je n'en aurai plus rien à foutre.

L'année où l'apaisement va me recouvrir, Tel une couverture de survie, pour que mon esprit ait moins à souffrir. A force de médiquer, mes synapses vont s'ouvrir, De la vie à nouveau, j'espère jouir.

La fin de l'année arrive, si j'en fais le bilan, il est positif quoi que j'en dise. Je prend assez de médicaments, pour être forcé d'arrêter la tise, Le vin et la bière 0,0 c'est tellement crasse, c'est tellement fade, c'est tellement lisse, Que les fêtes sont garanties sans bêtises.

De plus en plus sous contrôle, je ne suis pas encore la sagesse incarnée, Mais d'après ceux qui surveillent ma geôle, ma geôle dorée, C'est une question de temps — un temps que je vais compter. Des Alpes, je suis passé aux Monts d'Arée : La courbe de mon humeur continue d'onduler, Mais ses oscillations sont plus lissées, Finis les sommets pointus sur lesquels le vent peut hurler.

Je suis atteint par un trouble de l'humeur, Je commence à l'accepter, la clef du bonheur ?

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Je ne sais pas quand tout a commencé. Est-ce depuis toujours ? Est-ce après que j'ai été hospitalisé ? Je ne sais pas ce qui a tout déclenché, Je n'en ai clairement aucune idée.

Je me souviens d’une personne colérique, Totalement hystérique, Un bâton de dynamite, Une mèche trop courte pour se mettre à l'abri. Une propension naturelle au conflit, Elle était comme ça avec nous trois : Mon père, ma sœur et moi. Ma sœur, mon père et moi.

Quand elle s’emportait, si on la contredisait, Elle pouvait l'insulter et nous humilier. Je n'ai pas de souvenirs de tendresse ou d'amour. Rayon câlins, tu repasseras ton tour, Comme si elle était émotionnellement inadaptée. À la mort de son père, elle n'a même pas pleuré. À l’assemblée des émotions, je siégerai toujours à l'exact opposé.

En vacances, elle pouvait tout flinguer. D'un coup d'un seul, de la voiture elle se barrait. Mon père sur la jetée, essayant de la rattraper, Ma sœur et moi, à l'arrière, désemparés.

Elle pétait des plombs, aucune gestion des émotions, Et ses coups partaient dans toutes les directions. Les bras levés pour les parer, Plus on esquivait, plus elle s'énervait.

Les devoirs du soir la galvanisaient : Valait mieux ne pas se tromper. Des fois, dans sa chambre, elle s'enfermait, Tapait des crises, ne parlait plus. Pour nous, c'était juste un truc de plus.

De la cuisine, elle fermait la porte. Quelle mère agit de la sorte ? Pendant une semaine, elle pouvait nous ignorer. Pas un mot, pas un regard, ton existence même, reniée. Comment veux-tu pouvoir l'aimer ?

Une attitude dure à décrire. Pour moi, des mères, c'était la pire. Je ne sais quelles émotions la traversaient dans ces moments-là, On n'en a pas discuté, et je doute fort qu'on le fera.

Toujours négative, elle ne change pas. Fille d'agriculteurs, elle était. Prolétaire, elle est désormais. Cela n'a pas évolué comme elle le fantasmait. Peut-être qu'elle en souffrait, mais était-ce une raison de nous le faire payer ?

Peut-être aussi que de me voir malade la culpabilisait. Tu n'as jamais su l'exprimer, tout ce que tu as fait, c'est souligner : “J'aurais préféré que tu ne sois pas né.”

C'est comme si tu me rejetais, comme si toute mon existence devait être effacée. Blessante à souhait, une vraie lame effilée. Pourquoi n'as-tu jamais dit : “J'aurais préféré que tu sois né en bonne santé” ? Tout ça était d'une telle violence, Une véritable négation de mon existence.

Une fois, en voiture, tu m'as roulé sur les pieds. Je me suis demandé si tu ne l'avais pas fait exprès.

C'est horrible, mais je n'ai pas réussi à t'aimer. La coupure du pont, il y a quelques années, Ça fait un bien fou de t'avoir rayée. Cette guerre de tranchées n'est pas prête de s'arrêter. Seule la mort d'un des deux sonnera la paix.

J'ai fait aussi beaucoup d'erreurs. Mais j'ai entrepris un long chemin pour leur bonheur. Les miens méritent de ne pas vivre dans la peur. J'ai 40 ans. Je n'ai jamais oublié ce que tu as fait. Je suis incapable de te pardonner. Je suis malade, mais je me fais soigner, Alors que toi, tu continues de t’aveugler. Être malade, c'est une chose, et je peux l'accepter. Là où je suis en colère, C'est que tu n'as rien fait pour te faire aider.

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Elle est parfois invisible, Et souvent dure à vivre, De quoi faire sauter un fusible, De quoi s'attirer les gros titres !

Quand la tête ne va pas, rien ne va, n'est ce pas ? Bah crois moi, des dictons y en a Mais c'est bien le premier qui soit,

Vrai ; nous sommes déterminés, ne pas baisser la garde, En toi regarde,  On a tous des troubles, ne mise pas un rouble, Sur la durée de nos vies, les stats nous annoncent déjà finis.

Quelque soit notre patho, y a des moments rigolos, Même à l'hosto,  Quand on se moque des plus fous que nous.

L'étage où l’on t’a placé détermine à quel degré t’es perché.

C'est cynique mais, le soir venu, Sur la terrasse, on essai de se rassurer, en observant nos codétenus.

Toi-même tu sais qu'il est dur de renoncer à ta personnalité, Grande est la tentation de ne pas se soigner, Se retrouver pour de vrai, Essayer, Replonger, Renoncer, Accepter d'être une version apaisée et fade de soi On te répète d'avoir la foi,

Je suis athée, madame, monsieur, comment on fait ?

Nostalgie : nos trips, nos vies ; on s'extasie, Jamais fatigué, créer, sans cesse essayer. Des rencontres ? Impossible que j'te montre, Faut être des nôtres, pour en goûter la saveur, Aucune peur, tout-puissant, omniscient.

Quelque soit son nom,  Dans toute mauvaise chose, il y a du bon, Je ne sais pas quel super-héros tu es,  Perso, j'ai rangé ma panoplie, trop médicamenté.

Revers pervers : viens faire un tour sur terre, Quel goût amer. Plein, tu craches : l'enfer.

On se bat contre nous-mêmes, C'est la double peine. La tentation est grande, Elle s'impose avec fulgurance. Rester malade et se sentir entier.

Se soigner, à une part viscérale : renoncer Toujours un prix à payer : Problèmes juridiques, de couple, Trop trouble, trop double,  Isolé, sans amis, la famille parfois disparaît.

Un jour, un célèbre Kery a dit : “On est pas condamnés à l'échec.”

Je valide aussi sec !

Pouvoir en parler : Schizo ? À vous souhaits ! Dépressifs ? Comme il vous plaît ! Bi, mais polaire ? Cela devrait être aussi bien accepté, Que d'étaler sa sexualité !

Perso, je n'en ai plus rien à carrer, Pour rien au monde, je ne voudrais changer. Même chère à payer, je ne veux pas renoncer,  À ma liberté. Toute ma vie je la défendrai.

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Innocent, La douleur que je ressens, Et que personne ne comprend, Est bien là, ce n'est pas du vent.

On me soupçonne de simuler, Quel médecin censé peut, d'un gosse de 8 ans douter ? Où est ta déontologie, espèce de connard ? Oui, toi l'ignorant, incapable de savoir.

Tu te réfugies derrière des explications foireuses, Programmes tests et examens au justifications douteuses, Dire que tu exerces encore ! À combien de patients as-tu réservé le même sort ?

Ton égo t'empêche de m'adresser à tes confrères, Pourtant eux, moins fiers, Vont trouver. J'ai une maladie articulaire, complexe à soigner, Croyez-moi, j'ai souffert, A un niveau qui échappe à votre imaginaire. Un halo fixé dans mon crâne, cicatrices impossible à défaire. Chaque fois que je me vois dans un miroir, Je me souviens : c'est obligatoire. Toute ma vie, des stigmates sur le front, Traces indélébiles sur lesquelles, on me pose parfois des questions.

Après avoir placé des mots sur mes maux, Je vais devoir passer des mois à l'hosto, Sans personne pour le câlin du dodo. Seul, ma famille loin, je dois affronter ça, bien sage, Des kilomètres à rouler dans mon fauteuil solo, tel un lion en cage.

Souvent je pleure, je me sens puni. Je voudrais en vouloir à quelqu'un, mais qui ? A un moment, j'ai maudit la Vierge Marie. Cette putain de maladie, fait partie intégrante de ma vie.

Mignon et sympathique, j'ai laissé toute une clique, D'infirmières en formation, me poser des perfusions avec peu de technique. Je ne dis jamais non, je serre les dents. Les bras bleuis, des erreurs de ces gens, Pas toujours très doués, mais au moins bienveillants.

Les mois passant, je suis devenu une mascotte, un enfant qui écoute et comprend. Alors on me fait faire le tour des bâtiments. Mais je suis trop jeune pour voir tout ça ; cela me met l'esprit en berne : Amputés, grands brûlés, service orthopédique et ses fixateurs externes, Camarade leucémique décédée. Sous un drap, un matin, je la voit s'en aller.

Père de famille qui frappe sa femme, Mère à la belle âme. Douce, aimante avec ses enfants, Je n'oublie pas ses cris glaçants, Ni son visage en sang. Le personnel qui essaie d'éloigner cet enfoiré... Je lui souhaite encore de crever.

De temps en temps j'ai des camarades de chambre plus âgés, Chambre double pour soi-disant, m'occuper. Un ado de 17 ans va en profiter. Á l'abris des regards du personnel de nuit, films d'horreur et pornos diffusés. Tout cela va, dans ma rétine s'imprimer.

Trop jeune, l'hôpital ne m'a rien épargné.

Puis un soir, on va me laisser dans le lit en face, un sujet psychotique. En pleine nuit, il fait une crise : totalement chaotique. Attaché à mon lit pour des questions thérapeutiques, Je n'ai aucune possibilité de fuite.

Alors j'ai peur. J'essaie d'appeler le personnel, urgence d'insister. Le temps est long avant qu'elles soient alertées. Il est fortement sédaté pour le calmer, puis c'est le moment de nous séparer.

Comment veux-tu sortir sans séquelles de ce merdier ? Comment veux-tu t'en remettre quand, en partant, aucune aide ne t'est proposée ? Le pavillon Sainte-Louise du CHU Purpan a depuis été rasé. Je n'arrive pas à l'oublier, même s'il a cessé d'exister. Il m'arrive encore d'en chialer.

Le socle de ma pathologie psychique était posé ! La suite rajoutera une couche pour m'achever. On dit souvent qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est en partie à cause d'eux.

Ces traumatismes toujours pas évacués, Cette tristesse qui ne m'a jamais quitté, Cette enfance qui m'a été volée.

Dans un prochain texte, vous comprendrez, quel coup de grâce m'a été donné. Ce coup de grâce qui fera de moi un inadapté.

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