Poésies en Folies

poésies, écrits, pensées, exercice libératoire, partage universel

PAPA

Du haut de mes 9 ans, je ne comprends pas ce père, Capable du pire, comme du meilleur, j'y perds mes repères. Ce regard noir quand je l'exaspère, Cette main agile pour me faire taire,

Et parfois, de longues discussions, quand me vient une question, Qui, pour lui mérite une explication. Cette volonté, de nous instruire, de partager son savoir, Si fier de nous avoir.

J'ai 7 ans, je suis son petit frère, Nous sommes ensemble dans cette galère, Si ça ne va pas assez vite, il s'excite, Tant et tant que je flippe.

Je suis un garçon agité, Je mets un tel désordre qu'on ne sait pas même où passer. Mais je le fais rire, Je le câline et, même s'il reste assez froid, je sais que ça lui fait plaisir.

J'ai 38 ans, je suis avec lui depuis 21 ans, Particulier, il l'est depuis tout ce temps. Je ne lui ai dit qu'en thérapie. Surpris, “Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?”

On ne pouvait pas te parler, Ni te raisonner, Incapable d'écouter, Il en a pleuré.

Je suis atteint de troubles psychiques, rayon humeur, Capable de haïr, de ne rien ressentir et encore moins le bonheur. Je ne pourrais pas vivre sans eux : Ma fille, fantaisiste aux yeux bleus, Mon fils, bisounours vitaminé, Ma femme, a toujours surveillé mes excès, Pour qu'ils ne soient jamais la cause de mon décès,

Elle tient tout sur ses épaules, Véritable pilier : de la force, du courage et du cœur, elle a le monopole,

J'ai fait souffrir les miens. Pas encore guéri, je serai soigné demain. Merci de m'aimer, de passer outre chaque matin,

Même si je leur ai déjà proposé, Elle, il, elle, ne veut que le sien : Son père, son mari, même atteint. Pour rien au monde on ne le changerai demain.

FONDATIONS

Confiance en soi ébranlée, Né d’une mère qui ne sait pas aimer. Les coups pleuvent, pas le temps de discuter, Malheureusement, jamais soignée, Son mal-être m’a définitivement abîmé.

Tant de haine, envers elle étouffée, Tant de questions, sans réponses cumulées. Des années à se demander : Comment peut-on faire ça à ses enfants, qu’on se doit de choyer ?

De longs couloirs hospitaliers arpentés, Seul, en fauteuil, à errer, Plein d’images fixées à jamais, Dans ma rétine, l’horreur imprimée.

Malade physiquement dès mes 9 ans, Malade psychiquement à mes 40 ans. Malade physiquement dès mes 9 ans, Malade psychiquement à mes 40 ans.

Jamais l’on n’a parlé ni de mon bourreau, ni de l’horreur rencontrée. Me voilà devenu un adulte déformé, Handicapé par toutes ses plaies. Mais, bien entouré, j’ai décidé de tout briser : Je ne veux plus être impacté par mon passé, Ni reproduire les excès d’une mère Qui n’aurait jamais dû nous élever, Rabaisser étant plus proche de la vérité.

Je vieillis et tends à m’apaiser. Je ne pardonne pas, mais j’accepte d’ébrécher ce mur érigé pour nous séparer. Elle est ainsi, trop tard pour la changer. Peut-être, elle-même n’a-t-elle pas été assez aimée ?

Soigné un jour, définitivement, Je ferai tout pour aimer mes enfants. Fini les coups, les brimades, Que triomphe l’amour et la rigolade.

CHEMIN COSMIQUE

Le temps est long, Le jour est noir, La nuit est blanche.

Danger. Amis. Disparitions. Je, tu, il broie du noir Chacun, à sa façon, déclenche

Ton entourage atteint la saturation, Tu refuses de le voir, Puis un jour, tout s'enclenche.

Voici venue ta pérégrination, Ne te laisse pas choir, Ou viendra la déchéance.

Deux chemins : un mauvais, un bon. Ne t’en remets pas au hasard, Ne compte pas non plus sur la chance.

Parle, hurle, exprime à fond ! On t’entendra bien quelque part, Surmonte ta défiance.

Le parcours n’est qu’élévation, Vis-le à fond, avant qu’il ne soit trop tard. La victoire viendra de ta résilience.

Je, tu, il broie du noir. Je, tu, il broie du noir. Mais je, tu, il écarte le désespoir : Le ciel enfin dégagé te laissera voir Cet avenir constellé d’espoir.

HACHIS PARMENTIER

PSY CHIA TRIE Histoire de ma vie

PHARMA COLOGIE Apaise mon esprit

A MIS Peu ont compris

MA LA DIE M'a tout pris

HU MEUR Bonheur ou malheur

FA MILLE Béquille

REN CON TRE Me font fondre

PA TIENTS Bienveillants

A VE NIR Dur à dire

TENSION

Je le vois, celui-là, qui refuse d'attendre, Envie de lui dire d'aller se faire prendre. C'est un de ces jours où rien ne me fait peur : Ni mort, ni douleur, ni mort, ni douleur.

Parfois, c'est comme ça, Je n'ai que haine en moi, Agité, énervé, Pour la loi, je n'ai aucun respect.

En colère, impatient, Gare à vous, mes enfants ! Capable de frapper, quel monstre faut-il être ? Et pourtant, rien ne le laisse paraître.

On m'a dit que la dépression, Peut nourrir ces réactions, On ne pense qu'à soit, on ne supporte personne... Quelle horreur d'avoir pu être cet homme !

Triste, anxieux, insomniaque, désespéré, Fatigué, incapable de me concentrer, Plus envie de résister, Je calcule déjà comment me suicider.

Que choisir ? Tant de possibilités... Accident de la route, facile à organiser, Possibilité de leur cacher la vérité : Un géniteur accidenté.

Je le vois, celui-là, qui refuse d'attendre, Envie de lui dire d'aller se faire prendre. C'est un de ces jours où rien ne me fait peur : Ni mort, ni douleur, ni mort, ni douleur.

Rire, Pleurer,

Détruire, Recommencer,

Fuir, Affronter,

Haine, Amitié,

Dépressif, Exalté,

Excessif, Mesuré,

Colérique, Apaisé,

Empathique, Humeur à chier,

Isolé, Surveillé,

Vie en sursis, Thérapie,

Jouir, Apaiser,

Construire, Créer,

Se réunir, Se soigner,

Parler, Solutionner,

S'enflammer, Se marrer,

Bienveillant, Récompensé,

Ensembles, Soignants, Pas assez remerciés, Malades en santé,

Liés à jamais !

Il était une fois, Une partie de moi, Qui ne tournait pas comme il se doit,

Elle allait soit en haut, soit en bas, Parfois les deux à la fois, Parfois pas.

Une partie de moi, Qui n'allait pas, Une petite partie qui pesait bien trop, parfois.

Elle me faisait changer de moi, Voulant en finir certaines fois, Ou me poussant à faire n’importe quoi.

Et moi dans tout ça ? Je ne le voyais même pas, “Il n'y a pas de problèmes tu vois !”

Mais si, il y en a, tu ne crois pas ? Juste un petit truc qui ne tourne pas, Pas comme il se doit...

Avec le temps, tu t'en apercevras, Et tu verras, crois moi, Qu’un jour enfin, parfaitement, tout cela tournera.

Estimés malades, Par cette société en déclin,

Cessez vos brimades : Nous sommes bien plus sains,

Humains faussement supérieurs, qui nous jugez, Plus ouverts d'esprits, que difficilement vous le serez,

Mise au ban car on vous effraie, Nous avons autant le droit que vous d'exister,

Sensibles, tolérants, d'une abnégation qui vous est inconnue, Rapprochez vous de nous, changez de point de vue,

Quelques soient nos troubles, nous ne baisserons pas la tête, Malades dites-vous ? C'est là notre richesse,

Nos cerveaux atypiques savent faire la fête, Nos cœurs vaillants, emplis d'allégresse,

Toutes les épreuves surmontées, Font de nous des êtres singuliers,

Militants de la santé mentale : Professionnels, patients, amis, familles Notre état parfois bancal, Fait que notre santé vacille,

Mais heureux les fêlés : ils laissent passer la lumière, Différents oui, soyons-en fiers !

Je suis un comprimé, Minuscule et amer, Je vais te soigner, Accompagné de mes frères,

Le sommeil retrouvé, tu devrais t'apaiser, Plus que cela, tu es totalement lessivé, Comme anesthésié, toute la sainte journée, Incapable de bouger,

Stabilisé, linéaire comme jamais, Tu as l'impression d'avoir cessé d'exister, Aucunes émotions, ni négative, Ni positive,

Tu préfèrerais presque toucher le fond, Cela te donnerait au moins l'illusion, D'être vivant, Ne serait-ce qu'un instant,

Nous sommes une cohorte de médicaments, Minuscules mais puissants, Somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs, Antipsychotiques, thymorégulateurs,

Nous sommes là pour t'aider, Mais nous ne sommes pas sans danger, Ta vie ne va pas spontanément basculer, A nos effets secondaires, tu devras t'habituer,

La nuit parfois, tu vas halluciner, Tu verras passer des animaux sur les murs de ta chambrée, Observeras une petite fille, sur toi se pencher, Ta bouche s'assécher toute la journée,

Tu devras t'accrocher et persister, Si nous sommes désagréables il est vrai, Avec le temps tu finiras par nous dompter, Mais attention, sur toi tu devras travailler,

Thérapie, psychiatrie, Dialogues et bonnes méthodes, Bien entouré par les tiens, D'amitié et d'amour tu devras paver ton chemin,

Je suis un comprimé, Une aide pour avancer, Je, nous, sommes tes alliés, Enfin tu vas te libérer

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