DEUX ÂNES NÉS

En janvier, je vais fêter Deux années. Deux années... C’est dur à réaliser.

Deux années, deux années, À sans cesse, sur mes joues, laisser des larmes couler, À vouloir, viscéralement, me supprimer, À être, pour mon salut, hospitalisé, À tout, tout raconter à des gens, que je ne sais même pas nommer.

Deux années, deux années, À me gaver de comprimés, À tout, tout analyser : les faits, les gestes, les pensées, À chercher cette putain de clef, censée me libérer, À finir, bouleversé, par la trouver.

Deux années, deux années, À aller mieux, même si parfois, c’est compliqué, À me réanimer, à m’activer jusqu’à l’épuisement — mon Dieu, quel bien ça fait ! À m’apaiser, à me calmer, à me reposer, À m’émerveiller, à être touché, à rigoler, à aimer.

Deux années, deux années, À vivre avec ma bipolarité, à m’accepter, À en faire une simple singularité, À en parler sans ambiguïté, À la famille, aux connaissances, aux amitiés.

Deux années, deux années, Qu’est-ce que c’est ? Une anecdote passée, Quand le bilan de ma vie entière sera fait.